Les métaphores sont des figures de rhétorique qui donnent de l’émotion et surprennent les lecteurs. Pour en saisir toute la force, le cerveau analyse le sens des mots et leur subjectivité. Il n’est plus seulement question de langage, mais bien de sens du langage.
Alors, Google est-il capable de comprendre une métaphore ? C’est ce que nous allons voir dans cet article.
Et pour bien appréhender le raisonnement métaphorique, commençons par le décortiquer ensemble.
Sommaire
Pour bien comprendre le langage métaphorique, nous devons faire un petit détour par la comparaison.
La comparaison rapproche deux éléments qui ont un point commun. C’est l’analogie entre ces éléments qui permet d’aider notre interlocuteur à mieux comprendre notre idée.
Pour la construire, on utilise des mots de comparaison : comme, tel ou telle, de même que, etc. Voici quelques exemples de comparaison bien connus :
En ce qui concerne la métaphore, c’est une figure de style plus implicite que la comparaison. Elle rapproche deux éléments sans utiliser de mots de comparaison. Elle permet d’illustrer un propos en ajoutant, le plus souvent, une intensité émotionnelle :
La comparaison sert à illustrer son propos. La métaphore le fait de manière plus subjective. C’est la raison pour laquelle certains styles de métaphores laissent place à des interprétations multiples. Et nous allons regarder ça plus en détail.
Il existe différentes catégories de métaphores. Nous allons prendre le temps de les détailler. Vous allez constater que pour chacune, le niveau de compréhension n’est pas le même. Et c’est là qu’est le niveau de complexité pour Google, mais nous y reviendrons juste après.
Pour en construire une, on peut prendre une comparaison. Dans notre exemple « Cet homme avance telle une tortue », il suffit d’enlever l’élément de comparaison pour obtenir une métaphore in praesentia : « Cet homme est une tortue ».
On considère que l’homme est l’élément « comparé » et la tortue est l’élément « comparant ».
Pour faire simple, c’est une métaphore dans laquelle le « comparé » est absent. Si on reprend le même exemple, alors on écrira : « C’est une vraie tortue ». Un lecteur comprendra que vous faites référence à une personne qui avance lentement.
Bien connue des poètes, c’est une métaphore qui s’étire sur plusieurs phrases avec un champ lexical autour de l’idée principale. Voici un extrait du roman Le père Goriot, d’Honoré de Balzac :
« Mais Paris est un véritable océan. Jetez-y la sonde, vous n’en connaîtrez jamais la profondeur. […] il s’y rencontrera toujours un lieu vierge, un antre inconnu, des fleurs, des perles, des monstres, quelque chose d’inouï, oublié par les plongeurs littéraires ».
Pour Balzac, la capitale française est une ville si immense qu’on ne peut jamais en connaître tous les recoins. Et le champ lexical qu’il utilise est celui de la vie sous-marine.
Maintenant que le style métaphorique n’a plus de secret, voyons comment nous arrivons à comprendre les subtilités du sens des mots.
Christelle Declercq, Véronique Baltazart, et Davina Didon de l’Université de Reims ont réalisé une étude sur l’évolution de la compréhension des métaphores chez l’enfant de 4 à 7 ans. Le nom de l’étude est aussi explicite que poétique : « Les nuages sont un troupeau de moutons : à quel âge les enfants comprennent-ils qu’il n’y a pas de moutons dans le ciel ? »
Cette étude prouve que la compréhension des métaphores est une aptitude qui se développe avec l’âge. Pour réaliser cette étude, elles ont utilisé uniquement des métaphores in praesentia auxquelles elles ont ajouté des éléments de contexte :
Ainsi, pour les comprendre, les enfants utilisaient soit les éléments contextuels, soit la sémantique. Par conséquent, grâce au raisonnement relationnel, les enfants sont capables de comprendre des métaphores. Par contre, il faut que le « comparé » et le « comparant » soient bien présents.
Alors, qu’en est-il de la compréhension des métaphores plus complexes ?
Une étude publiée sur le site du Centre national d’information sur la biotechnologie des États-Unis (CNIB) montre l’intervention du contrôle attentionnel dans la compréhension des métaphores.
Le contrôle attentionnel, c’est l’aptitude du cerveau à se concentrer sur ce à quoi il veut prêter attention tout en faisant abstraction de ce qu’il veut ignorer.
L’objet de la recherche de cette étude est, comme son nom l’indique « Le développement de la compréhension de la métaphore et sa relation avec le raisonnement verbal relationnel et la fonction exécutive ».
C’est promis, nous allons essayer d’être le plus synthétique possible.
Cette étude explique, entre autres, que c’est seulement à partir de l’adolescence que nous pouvons interpréter des styles plus complexes. Et notamment, grâce au développement du contrôle attentionnel.
Vous comprenez que pour un cerveau humain la dimension métaphorique comporte ses challenges. Qu’en est-il pour les machines ? On regarde ça tout de suite.
Pour mieux comprendre les contenus web et les intentions de recherche des internautes, Google utilise de l’intelligence artificielle (IA).
Grâce à elle, les résultats de recherche sont basés principalement sur le sens des mots. Les algorithmes analysent la sémantique des textes pour proposer du contenu web.
Avec l’lA, les algorithmes ont une meilleure compréhension du sens du langage. Et puisqu’elle possède des capacités d’apprentissage automatique (machine learning), il y a fort à parier que ses compétences vont continuer de progresser.
Ceci dit, comme nous l’avons vu, le niveau de compréhension comporte des paliers en quelque sorte. Une étude de l’Université de Cornwell, conduite par Feng Liu, Yong Shi et Ying Liu conclut que les enceintes connectées ont un QI inférieur à celui d’un enfant de 6 ans.
Ces enceintes connectées utilisent elles aussi l’IA. On peut donc s’attendre à ce que le niveau de compréhension du langage des algorithmes s’apparente à celui des jeunes enfants.
C’est la raison pour laquelle il est si important de travailler son champ sémantique et son référencement éditorial dans ses contenus web.
Plus le contenu sera riche, explicite, illustré par des exemples concrets et plus les algorithmes auront matière à en saisir le sens.
Comme nous l’avons vu, l’IA utilise l’analyse sémantique et la comparaison pour interpréter les textes. Mais cela ne suffit pas quand il s’agit de figures rhétoriques plus complexes qui font appel à la subjectivité et au sens figuré.
La métaphore in absentia et la métaphore filée nécessitent de savoir appréhender la subjectivité pour pouvoir ensuite en faire une interprétation juste. C’est la même chose en ce qui concerne l’allégorie, la personnification, la parabole, l’ironie ou l’antiphrase. Il est beaucoup plus difficile pour les algorithmes de comprendre le sens qui est sous-entendu.
Certaines figures de style plus simples comme la métaphore in praesentia peuvent être comprises de Google, car elles sont souvent utilisées dans des contextes variés :
Tout comme les catachrèses qui détournent les sens des mots :
De nombreuses expressions métaphoriques font partie du langage courant. Et comme beaucoup se trouvent dans les dictionnaires, il est fort possible qu’elles aient été programmées dans les algorithmes.
Tout ce qui fait appel au double sens, la dérision, le second degré et la subjectivité ne sera pas compris par Google. Autrement dit, les poèmes de Rimbaud et Baudelaire n’auraient sûrement pas obtenu la position zéro à l’époque.
Mais il est important de rappeler que les algorithmes s’intéressent aussi à la popularité des contenus. On écrit en premier lieu pour son audience. La créativité, l’humour et la subjectivité sont des outils extraordinaires pour créer des contenus captivants et il serait dommage de s’en priver.
Si vos contenus informent vos lecteurs tout en suscitant de l’intérêt et pourquoi pas de l’émotion, vous avez déjà les ingrédients du succès !
Lorsqu’on aborde un sujet tel que celui-ci sur les métaphores, on aime bien pouvoir confronter la théorie à la réalité du terrain. Comprendre comment les professionnels des mots utilisent ces fameuses métaphores et leur vision du sujet. C’est pourquoi nous avons contacté Fanny Lopes et lui avons posé quelques questions.
Conteuse d’entreprise, Fanny met dorénavant ses compétences au service des freelances et indépendants qui veulent dompter LinkedIn en se démarquant, grâce à son programme, l’Effet Boom.
Créer un profil LinkedIn qui ressemble à tous les autres ? Publier du contenu vu mille fois ailleurs ? Prospecter grâce à des scripts copiés-collés ? Non, non et non.
Son but est d’amener ses clients à révéler leur vraie personnalité par les mots et ainsi atteindre les clients qui leur ressemblent et développer une relation client sereine et fluide.
On vous laisse découvrir son interview ci-dessous pour en apprendre plus sur sa vision de l’utilisation des métaphores dans les contenus écrits sur le web.
Oui, Conteuse d’entreprise, c’est un peu flou, c’est vrai. En fait, je l’ai utilisé pour remplacer “storyteller/copywriter”.
Mon métier, c’est de jouer avec les mots, pour attirer, mettre en confiance et convaincre. Le tout en FRANÇAIS, donc je ne me voyais pas garder des termes anglo-saxons…
C’est comme si un resto vegan s’appelait “La Vache Folle”, ça n’aurait aucun sens pour moi.
Mon esprit de contradiction et moi, on serait tentés de définir plutôt le “mauvais” storytelling :
C’est celui qui commence par “il était une fois”. Quand on explique que faire du storytelling, c’est raconter une histoire, beaucoup visualisent direct des dragons et des princesses. Sauf que c’est un petit peu plus subtil que ça.
“Il était une fois” est plutôt associé au moment où, juste avant le dodo, papa ou maman nous racontaient un joli conte de fée. L’idée ? Nous endormir. On est d’accord que ce n’est pas le but du marketing ?
Un bon storytelling est celui qui ne se “voit” pas, qui coule naturellement, dont on ne voit pas les ficelles à 15 km à la ronde.
Un bon storytelling est fluide, simple et captivant, il donne envie d’en savoir plus et fidélise une audience.
Le but, quand on communique sur le net pour développer sa visibilité, est à la fois de paraître sympathique et de montrer son expertise.
Quel est le meilleur moyen de faire tout ça ? Bingo, les métaphores.
Elles nous entourent depuis notre plus jeune âge, c’est grâce à elles qu’on a appris les maths à l’école par exemple :
“Ce cercle est un gâteau, nous avons 8 invités donc on doit le découper en parts égales pour que chacun puisse se régaler” permet de beaucoup mieux comprendre le concept de fraction que “divisons ce cercle en 8èmes”.
Les métaphores permettent de faire la lumière sur des données complexes (et donc de les vulgariser pour montrer notre expertise) mais apportent aussi de la proximité, quand elles reflètent un champ de connaissances qu’on partage avec notre cible.
D’ailleurs, c’est pour ça qu’elles sont un excellent filtre : en partageant des codes connus de notre cible, elle se sentira en confiance et proche de nous, alors que ceux qui ne partagent pas cet univers seront repoussés immédiatement.
Pour résumer, la métaphore est le meilleur moyen de :
Dans une publication LinkedIn ou une Newsletter par exemple, les métaphores ont toutes leur place. Elles permettent de créer un univers, une ambiance et d’embarquer le lecteur.
Ma newsletter, par exemple, est basée toute entière sur la métaphore : je partage l’origine d’un vieux dicton, d’une expression courante, je raconte l’histoire de sa naissance et le dicton devient la métaphore d’une application marketing que je partage.
Elle lui permet de mieux comprendre un concept flou, une vision. Elle attise la curiosité donc c’est l’un des meilleurs moyens pour lui donner envie de lire jusqu’au bout !
Le lecteur, avant d’être un futur client, est surtout un grand enfant : il a besoin qu’on le fasse rêver, voyager. La métaphore et le storytelling lui donnent cette chance-là.
C’est toute la différence qu’il y a entre une notice de lave-vaisselle et un bon bouquin : l’un est factuel, l’autre nous embarque.
D’abord, je tiens à préciser qu’on n’est pas dans le cadre d’un contenu littéraire, on n’est pas là pour faire du lyrisme mais pour permettre à nos lecteurs de mieux nous comprendre.
Elle permet une économie de mots
Par exemple, lorsque je parle de LinkedIn comme d’un cabinet de dentiste, ceux qui trouvent que l’ambiance de ce réseau social est austère, froide, qu’elle n’encourage pas les nouveaux venus à se sentir à l’aise, vont tout de suite assimiler la métaphore et se sentir concernés par mon propos.
S’il faut en passer par de longs paragraphes pour expliquer l’image et son lien avec le sujet, le but n’est pas atteint.
Elle fait appel à l’imaginaire collectif
Quand je compare l’algorithme LinkedIn à un videur de discothèque, ça fait appel à un ensemble de représentations qui nous parlent.
Dans notre esprit, le videur est associé à un gars un peu bourru qui a droit de vie ou de mort sur notre vie sociale (si notre tête ne lui revient pas, on n’a plus qu’à aller danser tout seul sur le trottoir d’en face parce qu’il n’y a aucune chance qu’on entre dans la boîte).
Si la comparaison porte sur un univers très pointu que seule une poignée de nos lecteurs connaît, ça ne marchera pas.
Elle agit comme un filtre
La métaphore la plus efficace est celle qui permet d’attirer notre cible et de repousser les autres.
Quand on cherche à attirer des futurs clients qui ont une âme conquérante, il est utile de faire appel aux figures guerrières par exemple. Ceux qui ne se sentent pas animés par les mêmes préoccupations ne se sentiront pas concernés.
(Bonus) Elle surprend
Quand on va chercher une image inattendue, le lecteur est interpellé et c’est ce mini “état de choc” qui va lui donner envie de lire jusqu’au bout.
Je pense qu’il y a un équilibre à trouver entre intérêt du lecteur et SEO. Bien sûr, dans un article de blog, je ne conseille pas les métaphores filées, c’est-à-dire qui sont présentes tout au long du texte, car en général, quand on arrive sur un article de blog, c’est suite à une recherche bien particulière.
Si je tape dans Google “qu’est-ce que le référencement éditorial ?”, j’ai une attente et une intention très précises. Là, il n’est plus question d’attiser la curiosité du lecteur mais de lui apporter des réponses concrètes.
Ça ne veut pas dire qu’il faille totalement abandonner la métaphore dans un article de blog, loin de là, mais elle doit être utilisée comme exemple, comme démonstration. Je la vois comme un bonus, un petit plus qui va aider le lecteur à comprendre, non comme l’essentiel du texte.
La première priorité reste bien entendu la qualité et l’impact de votre texte pour le lecteur.
Son originalité et le souvenir qu’en gardera votre lecteur. Et c’est pour cela que la métaphore est une vraie bonne idée.
Toutefois, comme nous le disons toujours : si votre texte n’est pas proposé par les moteurs de recherche et qu’il n’est pas lu, tout ce temps passé à écrire et publier n’aura servi à rien.
Le compromis que nous choisissons ? La juste proportion.
Ce qui signifie que la priorité doit aller vers la cohérence lexicale, en gardant un champ sémantique étoffant notre mot-clé principal.
Une fois que cette cohérence est assurée, alors, permettez-vous autant de subtilités et fantaisie de langage. Illustrez, imagez, donnez de l’âme et du jeu à votre texte. Par contre, veillez à ce que la proportion entre les termes de votre champ sémantique et les figures de style privilégie une majorité de mots qui seront reconnus par Google. Vous garderez ainsi de la clarté à ses yeux et cela n’aura aucun impact négatif sur votre référencement naturel.
Merci de votre lecture
Au plaisir de vous retrouver dans nos prochains articles.
L’équipe Sémantisseo
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