S’il est un sujet qui soulève de nombreux débats en ce moment, c’est celui de l’écriture inclusive. Comment est-elle utilisée, sa pratique rend-elle la lecture agréable et fluide ?
Il se trouve qu’en termes de référencement naturel, l’écriture inclusive comporte des enjeux qu’il est important d’avoir à l’esprit.
De votre côté, utilisez-vous déjà, ou envisagez-vous d’intégrer l’écriture inclusive dans vos contenus web ?
Celle qu’on appelle également écriture non sexiste ou écriture neutre a pour objectif d’éviter les discriminations véhiculées par le langage.
Pour cela, elle intègre dans les mots le point médian, les parenthèses ou le slash. Il est alors normal de se demander comment les moteurs de recherche prennent en compte ces symboles.
Ensemble, nous allons faire un tour d’horizon du fonctionnement et des règles typographiques du langage dégenré.
Et surtout, nous verrons de quelle manière l’écriture inclusive impacte le référencement SEO avec nos conseils et astuces pour ne pas pénaliser la visibilité de vos textes.
Sommaire
C’est une écriture qui se veut plus égalitaire en rétablissant un équilibre entre le féminin et le masculin dans le langage. Pour bien la comprendre, nous allons revenir un peu dans le passé.
La règle du « masculin l’emporte » a été institutionnalisée assez récemment dans l’histoire. Jusqu’au 18e siècle, une femme était nommée poétesse, philosophesse, autrice, ou encore écrivaine, en fonction de son activité.
Une autre différence majeure était celle de la construction du participe passé à la voix féminine. Et voici un exemple qui illustre cette règle : « Sylvia étante nouvelle, elle aura accès à une formation ». Vous remarquerez le « e » à la fin de « étant » pour marquer le féminin.
Depuis le 19e siècle, le féminin est considéré comme une forme construite à partir du masculin. Et pourtant, les mots féminins se sont créés à partir du latin. Aussi, le mot « autrice » ne provient pas du mot « auteur », mais bien du mot latin « auctrix ».
Si vous souhaitez en apprendre davantage sur l’histoire du langage d’épicène, l’historienne Éliane Viennot a beaucoup étudié le sujet.
Cette écriture considère que le langage structure la pensée. Elle propose d’adapter le langage pour qu’il utilise à part égale le féminin et le masculin, voire une forme non genrée.
La forme non genrée, c’est ce qu’on appelle aussi l’écriture neutre ou non binaire. Elle permet d’inclure tous les genres. Prenons l’exemple de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. L’écriture neutre propose de remplacer le mot « homme » par « humain », qui est pour le coup beaucoup plus universel. D’ailleurs au Québec, on parle de « droits de la personne » et au Royaume-Uni, c’est le terme « Human Rights » qui est utilisé.
Maintenant que vous avez le contexte, on va regarder comment utiliser le langage inclusif.
En réalité, on l’utilise déjà dans notre vie de tous les jours. Lorsqu’on dit : « pour celles et ceux qui souhaitent participer » ou « Mesdames et Messieurs », ce sont des formes inclusives. Ainsi, pour éviter l’emploi du masculin comme forme générique, il existe 3 règles principales déjà établies.
Les noms de métiers, les titres et les fonctions peuvent s’accorder au féminin. Nous en avons déjà vu quelques-uns un peu plus tôt. Il s’agit d’écrire le féminin tel qu’il existait encore il y a quelques siècles. Une femme est donc une peintresse, une cheffe d’entreprise ou une médecine.
Et pour vous éviter de vous lancer dans des recherches historiques, il existe un guide d’aide à la féminisation pour ces noms.
Ici, deux choix s’offrent à nous :
Comme la typographie est variée, elle donne place à de nombreuses formes. Alors attention ! C’est à ce moment précis que nous allons devoir être bien :
Lorsque c’est possible, on peut aussi avoir recours aux mots épicènes.
C’est un mot qui conserve la même forme indépendamment du genre à qui l’on s’adresse. On les appelle aussi les mots de globalisation.
On parlera alors du corps enseignant, de la direction, des artistes, des bénévoles, des propriétaires, etc. Et si on souhaite utiliser le singulier, il suffit d’ajouter les deux articles devant le nom : un ou une cadre, la ou le responsable, etc.
À présent, vous comprenez les rouages de l’écriture égalitaire. Tout de suite, voyons de quelle façon elle influence les recherches sur internet.
Ce sont les algorithmes des moteurs de recherche qui positionnent les pages web dans les pages de résultats, qu’on appelle aussi la SERP (pour Search Engine Results Pages). Pour définir le classement des pages, ils utilisent notamment les mots-clés utilisés dans les contenus web et principalement ceux placés dans les titres, sous-titres et URL.
Alors que se passe-t-il si on fait une recherche en utilisant des mots-clés en écriture non genrée ? Les résultats seront en réalité différents en fonction de la forme utilisée.
Pour être plus précis, nous avons regardé à la loupe plusieurs formes d’écriture en les écrivant directement dans la barre de recherche de Google. Voici les résultats pour :
Quand le mot-clé commence par la forme masculine, les résultats sont au masculin et très rarement au féminin.
Avec les parenthèses les résultats sont issus de contenus en écriture inclusive.
Les mots écrits sous leur forme féminine, mais qui ne sont pas reconnus par l’Académie française, ne sont pas pris en compte par les moteurs de recherche. Ils vont estimer qu’il y a une faute et proposeront d’autres mots dont l’orthographe est proche.
La pertinence des résultats est de manière générale assez limitée. On constate que :
Pour donner suite à ces constats, voyons maintenant les répercussions sur le référencement SEO (Search Engine Optimisation). Soit la visibilité d’un texte sur les moteurs de recherche.
Les algorithmes ne prennent pas encore en compte l’écriture inclusive. Il est fort possible que les caractères typographiques soient considérés comme des espaces ou des tirets. Les mots inclusifs sont alors déstructurés. Par exemple, le mot « conférencier·ère » est traité comme deux termes distincts : « conférencier » et « ère ». Dans ce cas, il est normal de trouver principalement des résultats pour la forme masculine.
Vous l’aurez compris, de manière générale, les recherches en écriture inclusive ne donnent pas accès à l’information en écriture non inclusive et inversement.
Avec l’écriture inclusive, on s’adresse spécifiquement à des personnes qui utilisent déjà cette forme de langage. De plus, selon le type d’écriture que vous utilisez (point médian, slash, parenthèses, etc.) les résultats seront très différents, ce qui réduit encore les chances d’apparaître dans la SERP.
Tant que cette forme d’écriture ne sera pas considérée par les algorithmes, elle ne sera pas réellement prise en compte dans les résultats de recherche. Et les résultats SEO seront limités pour les contenus web qui utilisent l’écriture inclusive dans les titres, les sous-titres ou les URL.
La bonne nouvelle, c’est que rien n’empêche d’utiliser les termes épicènes et l’énumération des genres comme nous l’avons vu plus haut. Par ailleurs, il est tout à fait possible de rédiger du contenu avec une syntaxe plus égalitaire sans l’utilisation du point médian.
De plus, vous pouvez également vous permettre l’utilisation de quelques points médians dans le corps du texte de vos pages web. En effet, la pertinence du contenu et la richesse du champ sémantique des textes sont des facteurs bien plus déterminants pour votre référencement SEO.
Pour commencer, il vaut mieux éviter l’écriture inclusive dans les titres, les sous-titres, la meta description et l’URL. Pour vos titres ou balises, nous vous conseillons d’utiliser l’énumération de genre et la globalisation.
Ensuite, en ce qui concerne le mode d’écriture, par exemple le point médian, la parenthèse, ou autres formes typographiques, elles peuvent être intégrées dans le corps du texte, mais idéalement avec parcimonie. Si l’on veut se concentrer sur le référencement éditorial, l’emploi du terme au féminin puis au masculin aura davantage de poids. Car il faut toujours se rappeler que la richesse de votre contenu, la présence de synonymes et d’un champ lexical large auront un bien plus grand impact sur votre SEO.
Pour finir, la langue de Molière est un outil merveilleux. Alors, en rédaction web, il ne faut pas hésiter à explorer toutes ses ressources et enrichir ainsi votre contenu éditorial.
En préparant cet article, on a eu envie d’y inclure le regard d’une experte du domaine, quelqu’un pour qui l’écriture inclusive est un combat de tous les jours. Une personne qui en a même fait son outil de travail. On a donc eu l’immense plaisir d’échanger avec Léa Niang sur la question de l’écriture non-genrée dans le référencement éditorial.
Freelance en marketing digital, Léa se spécialise désormais en communication (digitale) inclusive, et accompagne les marques sur la voie de l’inclusivité. Elle milite pour une communication moins stéréotypée, plus représentative de la réalité des individus et plus respectueuse des minorités. Son credo : c’est à petite échelle que naissent les grands changements.
Léa Niang c’est aussi l’auteure de la newsletter engagée Visibles qui permet de mieux comprendre les enjeux de la communication inclusive avec beaucoup de positivité. Et on adore tous les conseils qu’elle donne sur Instagram pour inclure, petit à petit, plus d’égalité dans nos communications.
Un grand merci à Léa pour son temps et la pertinence de ses réponses. On vous laisse découvrir cette interview très instructive. Bonne lecture !
L’écriture inclusive est une réponse à un problème : l’invisibilisation des femmes et des minorités de genre dans la langue française écrite. Par principe, et c’est ce que l’on nous apprend à l’école, on utilise le masculin comme un genre neutre, qui est censé englober et représenter tout le monde. Il se trouve que ce n’est pas le cas.
D’abord, des études ont montré que le “genre neutre masculin” était moins bien assimilé par le cerveau des personnes de genre féminin : cela demande une petite gymnastique cérébrale, inconsciente bien sûr, pour s’approprier un texte rédigé au masculin lorsqu’on est une femme. Fun fact : c’est d’ailleurs pour cela que depuis 2005, la législation européenne impose d’indiquer “(h/f)” dans les titres d’offres d’emploi. On s’est en effet rendu compte que les femmes postulaient moins aux offres d’emploi rédigées au masculin. Et on a voulu expliciter le fait qu’elles étaient concernées aussi – mais sans perdre la praticité de la rédaction au masculin.
Le deuxième problème selon moi est que la rédaction systématique au masculin neutre contribue à forger un inconscient collectif dans lequel les femmes sont absentes. Si je te dis : « les chercheurs à l’origine de ce vaccin », je suis prête à parier que l’image qui se forme dans ton esprit est un groupe d’hommes en blouse blanche. Alors qu’en réalité, il y a certainement des femmes dans cette équipe – peut-être même qu’il y a plus de femmes que d’hommes, mais parce que “le masculin l’emporte sur le féminin”, l’Histoire retiendra que c’est une équipe d’hommes qui a élaboré ce vaccin. On apprendra ça aux enfants à l’école, qui retiendront que les femmes ne sont pas assez compétentes pour exercer des métiers scientifiques. Etc, etc.
L’écriture inclusive et le langage ont de vraies conséquences, dans la vraie vie ! Ce n’est pas un “caprice des féministes”, elle n’est pas là juste pour énerver les puristes de la grammaire ou embêter les experts en SEO 🙂
L’utilisation du point médian est la première solution qui vient à l’esprit lorsqu’on parle d’écriture inclusive. Je recommande cependant une utilisation raisonnée du point médian, parce que je suis consciente que cela alourdit la lecture. Mais on s’y habitue, c’est comme tout (et je dis ça en véritable amoureuse de la langue française) !
Quand je dis utilisation raisonnée, je veux dire que lorsque c’est possible, il vaut mieux changer la tournure de sa phrase pour qu’elle soit aussi neutre que possible, plutôt que de mettre du point médian partout. Par exemple, je préfère dire et écrire “bonjour tout le monde” que “bonjour à tou·te·s”.
La meilleure manière d’utiliser l’écriture inclusive, ou “écriture non-genrée”, c’est d’en faire un automatisme ! Mettez-le dans vos guidelines, faites-en une règle, formez vos équipes. C’est un coup à prendre, mais une fois qu’on a l’habitude, on ne se voit plus faire machine arrière.
Faire une liste de mots peut être utile : indiquez les mots ou tournures de phrases qui sont le plus souvent utilisées dans le cadre de votre activité pro, et trouvez des équivalents non-genrés. Faites-en un document propre, affichez-le sur votre mur et transmettez-le à vos collègues ! L’objectif reste l’efficacité. Pour ne pas passer davantage de temps au quotidien avec la rédaction non-genrée.
Dans ce même objectif, vous pouvez configurer un raccourci clavier pratique pour vous pour le point médian, ou encore intégrer les formes inclusives des mots au dictionnaire de votre correcteur automatique : devoir corriger les mots en permanence, c’est un peu décourageant, et ça peut donner envie de céder à la facilité avec le masculin neutre.
Et puis, je ne sais pas si c’est une astuce, mais surtout : ne lâchez pas ! L’écriture non-genrée, c’est comme tout, ça s’apprend, ça ne sera pas toujours parfait, mais il vaut mieux la mettre en place de manière imparfaite que de choisir de l’occulter complètement.
Lorsque l’on ne parvient pas à remplacer tous les termes par des mots non-genrés, écrire “les clients et les clientes” à chaque fois reste la solution optimale. Mais cela alourdit considérablement la lecture. Une autre solution pour les rédacteurs et rédactrices peut être d’alterner “clients” et “clientes” dans le texte.
Lorsque c’est possible, on peut aussi ruser et utiliser des mots génériques. Par exemple, “la clientèle” plutôt que “client·es”, ou “la Direction” plutôt que “directeur·ices” !
On utilise déjà des mots épicènes tous les jours ! Un mot épicène est tout simplement un mot qui s’écrit de la même façon au masculin et au féminin, comme par exemple un·e collègue, un·e élève, un·e ministre ou un·e prestataire. Bien sûr, cela demande de faire un petit travail de sémantique en amont pour trouver des équivalents épicènes aux mots que l’on a l’habitude d’utiliser. Parfois, ils n’existent pas, et c’est dans ce cas là que le point médian peut devenir nécessaire.
Personnellement, j’essaye d’utiliser au maximum des mots épicènes, parce que c’est effectivement moins lourd pour la lecture. Mais ils ont évidemment des limites. La première, c’est qu’il n’en existe pas pour tout, et la deuxième, c’est que j’ai l’impression qu’ils sont quand même associés à des figures masculines dans l’inconscient collectif. Par exemple, si j’écris “les ministres” ou “les astronautes”, pas sûre que tout le monde y associe des femmes.
Une nouvelle plateforme collaborative, https://eninclusif.fr/, a vu le jour récemment. Elle propose déjà plus de 1000 mots dans leur forme inclusive, qu’on peut copier directement à partir du site pour le coller sur nos supports.
Inclusion, sans hésiter. Les humains avant les machines !
Oui ! Je suis très optimiste. D’autant qu’il me semble que c’est déjà un peu le cas. Je lisais justement un article hier qui indiquait que Google faisait désormais apparaître des titres avec point médian dans ses résultats.
Je crois qu’il ne faut pas oublier que derrière les algorithmes, il y a des humains qui les programment. De plus en plus de voix se font entendre pour dénoncer justement le sexisme (entre autres) de ces algorithmes. Qu’il s’agisse de celui de Google, d’Instagram ou d’autres réseaux sociaux, et j’ai bon espoir que les choses bougent. Pour cela, il faudrait, au choix, diversifier les profils des personnes qui conçoivent les algorithmes, ou sensibiliser ceux qui s’en occupent actuellement à la problématique.
“Faire passer l’humain avant les machines.” Cette phrase nous a forcément interpellés. D’autant plus qu’au sein de Sémantisseo, l’humain se trouve au cœur de nos préoccupations et que l’on écrit avant tout pour notre lecteur. On a toujours choisi de pratiquer un marketing tourné vers les gens en priorité, et cela fait partie de nos valeurs.
Alors comment trouver le bon compromis : que votre site internet et ses contenus fassent plaisir aux algorithmes, et écrire de façon inclusive en veillant à la parité, l’équilibre du féminin et du masculin, afin que chacun se sente concerné et intégré dans vos textes ? Nulle intention de s’atteler au sujet de la guerre des sexes, mais au contraire veiller à ce qu’hommes et femmes se trouvent inclus dans une explication, une offre d’emploi ou un récit. L’idée restant d’aller vers une linguistique qui sorte des stéréotypes, au-delà d’une simple féminisation des titres. Un langage neutre au-delà d’un débat féministe.
Pour nous, l’important est de se souvenir de l’objectif initial à savoir: être lu et trouvé sur internet pour favoriser votre visibilité.
Ainsi, comment procéder ?
D’un côté, première nécessité: il est essentiel d’optimiser vos textes selon les règles fixées par Google afin que les articles soient lus. Sans cette étape cruciale, un moteur de recherche risquera de pénaliser vos articles. Ils passeront donc inaperçus au profit de contenus concurrents. On va alors chercher les expressions de recherche et les requêtes des internautes. Puis tout optimiser en termes de balises, mots-clés et méta-descriptions pour être favorisés sur les pages de résultats.
De l’autre côté, la plus grande priorité: il faut penser aux lectrices et aux lecteurs. Que le texte soit agréable à lire, que la personne qui lise puisse s’identifier, se retrouver dans l’écrit. Surtout, qu’elle trouve des réponses à ses questions. Dans une rédaction fluide, un champ sémantique dense et une structure de texte ou d’article bien construite.
C’est donc un équilibre fin et complexe qu’il faut trouver et qui fait partie intégrante de notre méthode. Notre manière de procéder est de citer la variante féminine et masculine du terme dans notre phrase. Et autant que possible les mots épicènes. La neutralité reste la solution gagnante.
On y a d’ailleurs consacré un chapitre dans notre formation La visibilité par les mots, car c’est un sujet d’actualité qu’il faut savoir comment aborder. En attendant que Google rende ses robots plus inclusifs, il faut jouer avec les mots et faire des compromis.
Et vous, vous posez-vous la question de l’écriture inclusive sur le web et son impact sur votre référencement naturel ?
Nous nous réjouissons d’ores et déjà de vous lire en commentaire.
Merci de votre lecture !
L’équipe Sémantisseo
En conclusion, on espère que vous avez apprécié de vous plonger dans les différentes étapes de notre aventure. De plus, votre intérêt pour notre discipline de cœur, le référencement éditorial, nous fait plaisir. En espérant vous croiser un jour, sur une plateforme sociale ou lors d’un cours ou un atelier.
D’ailleurs, si vous avez envie d’en savoir plus sur Sémantisseo :